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CLIMAT
11.07.2022

Sécheresse en PACA : manger ou se baigner, le choix est vite fait !

La Confédération paysanne PACA défend la priorité absolue à l’irrigation agricole face aux intérêts touristiques

La sécheresse exceptionnelle de cette année 2022 fait tomber les masques d'un certain nombre de responsables politiques départementaux et régionaux qui s'intéressent particulièrement à la pénurie d'eau au niveau régional, mais aucunement pour soutenir des agriculteurs en difficulté.

 

Pourtant les conséquences sont dramatiques pour bon nombre de fermes, des Alpes à la Provence : rendements catastrophiques pour les cultures « au sec » (80 % de la SAU* régionale), raréfaction de la ressource en herbe pour les troupeaux en colline comme en alpage, difficultés d'abreuvement des animaux, gros risques de coupures d'eau sur les réseaux collectifs d'irrigation, surcoûts de pompage… La survie de nombreuses fermes est en jeu, et l'urgence devrait être à l'atténuation des impacts (baisse des débits réservés des cours d'eau, abandon de certaines cultures pour en sauver d'autres…), tout en sollicitant la solidarité nationale via le déblocage par l'État de fonds exceptionnels de calamité agricole.

 

Non, la priorité des responsables politiques précédemment cités est manifestement de « sauver » le lac de Serre-Ponçon et surtout son économie touristique ; car le lac sera en effet exceptionnellement bas cet été, ce qui perturbera fortement les activités nautiques et de baignade. Et qui sont, selon eux, les responsables de cette débâcle annoncée ? L'agriculture en aval de ces lacs, évidemment, qui arrose pour produire des cultures alimentaires, essentiellement, le foin de Crau ne représentant pas le plus gros des volumes prélevés en aval, contrairement à ce qu'on laisse entendre.
Rappelons,
tout de même, que le barrage de Serre-Ponçon a précisément été construit pour sécuriser l'irrigation d'une bonne partie de la Provence ainsi que l'alimentation en eau potable de villes côtières comme Marseille, Toulon… (en complément du Verdon et de ses lacs, devenus touristiques eux aussi).

 

Bien évidemment, la Confédération Paysanne régionale dénonce ce retournement de situation et soutient fortement la priorité des usages agricoles de l'eau (irrigation, abreuvement, pisciculture…) sur les usages touristiques et de loisir, dans le cas de Serre-Ponçon, et partout ailleurs où la question se pose.

Nous nous indignons également que les golfs soient – grâce à une discrète négociation à Paris avec les ministères de l'agriculture et de l'environnement – bien mieux protégés des restrictions préfectorales en période de sécheresse que l'irrigation agricole ou l'arrosage des jardins vivriers.

Quelque soit le poids économique du secteur touristique, nous défendrons toujours l'accès à l'eau agricole, dans notre région historiquement irriguée, accès qui est vital pour de très nombreuses productions (maraîchage, arboriculture, etc.) qui contribuent à notre autonomie alimentaire locale et régionale.

 

Suivant ce principe, l'eau doit servir une agriculture paysanne qui nourrit en proximité plutôt que d'arroser des produits d'exportation, dans un contexte incertain de réchauffement climatique.

N ous poursuivrons nos mobilisations pour une transition vers une agriculture paysanne qui sait s'adapter (techniquement et économiquement) aux conséquences des sécheresses : petites retenues de stockage d'eau (maxi 20 000 m³), techniques d'irrigation plus économes en eau, pratiques culturales favorisant la rétention de l'eau dans les sols, variétés adaptées, diversification des productions sur chaque ferme, stratégies économiques de résilience, priorisation des circuits courts sur les filières d'export, etc.
E nous demandons à ce qu' un moratoire soit posé afin d'étudier les impacts des méga-projets d'extension de réseaux portés par la Société du Canal de Provence (dont le principal actionnaire est la Région PACA) sur le Plateau de Valensole, ou dans les vignobles du Var et du Vaucluse, qui mettent gravement en danger les fragiles équilibres de répartition de l'eau au niveau régional.

Les nouvelles données météorologiques imposent de revoir profondément la répartition des usages de l'eau en Région PACA entre tous les acteurs. Les pratiques agricoles et les assolements doivent nécessairement évoluer mais la fourniture d'eau potable et la production alimentaire resteront toujours, à nos yeux, prioritaires sur tout autre usage.

 

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