Des légumes, pas du béton !

Charivari à Pertuis
Samedi 14 mai s'est déroulé le « charivari », un carnaval revendicatif, pour introduire le WE festival à la ZAP (Zone à Patates, en référence à la culture locale traditionnelle de Pertuis) et se mobiliser pour la défense des terres agricoles et naturelles du bord de Durance. Pour s'opposer aux expulsions, aux expropriations et pour l'abandon du projet d'extension de la Zone d'Activité Économique.
86 hectares de terres agricoles et naturelles, en plaine inondable de Durance, sont menacés d'artificialisation, d'imperméabilisation et de stérilisation, afin de doubler la superficie actuelle de la zone d'activité existante.
Les occupant·es de la ZAP, avec le soutien des Confédérations paysannes de PACA et de nombreux collectifs et associations locales comme Terres Vives Pertuis, SOS Durance Vivante et le COLL·E·C pour ne citer qu'elles, défendent ces terres et tentent de bâtir un monde durable pour les générations à venir, face à un projet destructeur et sans réelle justification économique.
Depuis 2019, des actions de communication et de tractages, des recours en justice, puis l'occupation des terres par la remise en culture (légumes et verger) se sont multipliées pour s'organiser et faire barrage au projet. Le « charivari » visait à rassembler plus largement, dans une convergence entre les acteurs locaux et le mouvement national des Soulèvements de la Terre. C'est un pari réussi !
Le cortège très ecclectique, qui a rassemblé des paysan·nes bien entendu, mais aussi des personnes de la lutte des soignant·es exclu·es de l'hôpital de Pertuis, des zapatatistes, des familles avec des enfants, des échassier·es, une fanfare et de nombreux chars plus incroyables les uns des autres, a d'abord parcouru la zone d'activité. La chaleur anormalement élevée pour un mois de mai et le béton de la zone a permis de ressentir l'aspect étouffant de cette partie artificialisée, qui participe aux îlots de chaleur du territoire.
La joyeuse manifestation, généreusement costumée a déambulé en semant des cornichons et des tomates sur les rond-points et les moindres espaces de verdures, tout en informant de la raison de ce carnaval les usager·es de la zone. Ces personnes, souvent curieuses et pas toujours au courant du projet d'extension de la zone d'activité, ont accueilli avec des encouragements le passage de la manifestation.
Arrivée au rond-point de la Gare, entrée principale du centre-ville, une immense banderole y a été déployée, sous les applaudissements et les cris des participant·es. Celle-ci annonçait : « Sur les terres du seigneur, la révolte gronde. »
Le cortège s'est finalement engagé sur des routes champêtres à l'Ouest de la zone d'activité, au milieu de bocages, de terres cultivées, de fermes, de canaux d'irrigation et de jardins ouvriers. Ce secteur a permis de ressentir la grande différence paysagère et profiter de l'ombrage rafraîchissant des arbres et de l'eau.
Sur la fin du parcours, en passant devant l'entrepôt vitrine de la société PELLENC, les murs et les machines agricoles exposées ont subi des jets de pierre de la part d'une vingtaine de personnes impossible à identifier et incontrôlables.
Les Confédérations paysannes de PACA condamnent fermement toute action de violence et de dégradation, ce type d'agissement ne font pas partie de ses modes d'actions.
Cependant, ces dégâts matériels ne doivent pas faire oublier que l'importance de préserver les terres agricoles est de plus en plus forte. L'urgence climatique et sociale ainsi que l' autonomie alimentaire doivent devenir des priorités.
Ces dégradations ne doivent pas faire oublier les nombreux manquements, passages en force, défauts de justification, incohérences et entorses à la loi qui entachent les différents dossiers inhérents aux autorisations nécessaires à la destruction de ces terres agricoles.
A ce jour, il s'agit de la plus grosse mobilisation sur Pertuis, pour s'opposer à ce projet emblématique de l'échec des politiques publiques dans l'arrêt annoncé de l'artificialisation des terres agricoles et naturelles.
Chaque fois que nous faisons disparaître des terres agricoles locales, nous augmentons notre dépendance aux produits importés, aux énergies fossiles et à la géo-politique mondiale.
Le WE festival à la ZAP de Pertuis a continué dans la soirée avec plus de 1000 personnes ayant fait le déplacement pour un marché paysan et d'artisanat, un bal traditionnel, de quoi se restaurer et des concerts. Le dimanche s'est déroulé dans une ambiance détendue, avec des discussions entre différents lieux de luttes de France et d'autres pays frontaliers, venus soutenir la ZAP, des chantiers participatifs dans l'après-midi et encore quelques concerts jazz pour clore ces deux journées.