FIN DE LA COLLECTE DES CHEVREAUX EN PACA : APPEL A MOBILISATION POUR ACCOMPAGNER LES ELEVAGES ET STRUTURER LA FILIRE VIANDE CAPRINE
12.09.2024 - GEAEC Les Brégons noirs - Sillans la Cascade.Chaque année, 30 000 chevreaux issus d'élevages laitiers sont engraissés par les établissements Disdier dont le périmètre de collecte s'étend jusqu'au massif central. Dans un nouveau message adressé aux éleveurs éleveuses, le 6 septembre 2024, les établissements Disdier confirment l'arrêt définitif de la collecte de chevreaux dès la campagne 2024/2025.
L'engraisseur dit avoir alerté à plusieurs reprises sur les difficultés de la filière engraissement, prise en étau entre les exigences des abattoirs et l'augmentation du prix du lait en poudre, sans recevoir d'engagements concrets de la part des pouvoirs publics ni de la profession.
De fait, cela fait des années que la Confédération paysanne interpelle les pouvoirs publics sur ce maillon vulnérable de la filière, mais aucune alternative n'a été anticipée collectivement.
Individuellement, certain.es éleveurs éleveuses se sont organisé.es : mise en place de la lactation longue, engraissement à la ferme, transformation, vente sur les marchés et aux restaurateurs, transport mutualisé vers les abattoirs.
« L e cabri n'est pas un sous produit sur lequel on perd de l'argent, on fait la même marge que sur le fromage car on a moins de charges. » François, éleveur de chèvres du Rove dans le 13.
Mais la filière viande caprine n'étant pas organisée, ils font face à de nombreuses difficultés.
La première concerne l'abattage : les abattoirs existants sont réticents à abattre les chevreaux, parce qu'ils sont mal outillés pour ces petits gabarits et/ou parce que ces animaux sont plus difficiles à gérer. La quantité de déchets issus de l'abattage des chevreaux renchérit également le montant de la taxe d'équarrissage payée par l'abattoir. Par conséquent, les abattoirs limitent les apports de chevreaux, imposent un poids minimum et fixent des tarifs d'abattage élevés pour les éleveurs caprins.
Cependant, avec l'arrêt de la collecte, il faut s'attendre à des embouteillages aux portes des abattoirs de la région entre les mois d'avril et de juillet et donc travailler avec les structures pour améliorer l'accueil des cabris : aménagements et matériel adaptés, recyclage des déchets, travail de découpe mieux ajusté aux besoins. C'est dans l'objectif de créer des outils adaptés à cette filière que la Confédération paysanne PACA a initié le projet d'abattoir mobile dans le Luberon, depuis 2018.
Pour soutenir les éleveurs éleveuses dans la recherche de solutions alternatives, il pourrait être utile de prendre en charge le coût des formations sur la valorisation des cabris, le transport mutualisé vers les abattoirs, de financer l'achat d'autoclaves pour la transformation, de congélateurs permettant de stocker les pièces sous vide et d'étaler la vente tout au long de l'année, d'ouvrir une aide régionale pour l'engraissement de cabris sous la mère.
L'autre difficulté se situe en aval, du côté des consommateurs qui ne sont plus habitués à cuisiner et à manger cette viande, autrefois traditionnelle en Provence. Il y a toute une campagne de communication à déployer pour faire connaître et apprécier cette viande, auprès des bouchers, des distributeurs, de la restauration privée et collective et des consommateurs.
La Confédération paysanne appelle à une mobilisation de la profession, des collectivités et de l'administration pour accompagner les éleveurs éleveuses face à l'urgence, puis pour s'atteler enfin à la structuration et à la valorisation de cette filière à moyen et long termes.
Au moment où nous diffusons ce communiqué, une réunion est toujours prévue, le 20 septembre, en présence de représentants de la région, de l'administration et de la profession et avec l'accord des établissements Disdier, pour tenter d'éviter l'arrêt complet de la collecte.
Contact : Lorraine PRUNET, membre du bureau régional et représentante à la section caprine de la MRE - Tél. : 06 71 13 09 65
