Pourquoi et pour quoi voter le 9 juin ?

Le 9 juin, nous sommes appelés à voter pour une assemblée lointaine et méconnue, appelés à voter pour remplacer ou non des élu.e.s que nous ne connaissons pas et qui interviendront au Parlement européen en dialogue avec le Conseil européen et la Commission européenne. Un pays sur 26, une assemblée élue sur trois. A quoi bon?
Aussi lointaine et confuse que semble être la politique européenne, notre métier est bien le premier concerné par cette dernière et le plus impacté par ses orientations. En témoigne la PAC*, qui avec un tiers du budget européen, influe sur l'évolution de l'agriculture, des fermes qui la composent et sur les revenus de ses travailleurs. Moins évident à toucher du doigt, l'Europe réglemente et organise aussi une grande part du commerce, intra-européen et international, la tendance étant à utiliser le dumping social à l'intérieur de l'Union pour doper la concurrence entre les pays, et harmoniser par le plus bas possible toute les règles qui entraveront peu ou prou la course à la compétitivité.
C'est au niveau européen que se négocient également les accords de libre-échange qui consistent, pour faire court, à brader les produits agricoles en échange de contrats juteux à l'international sur des produits à forte valeur ajoutée.
Dans les faits, l'Europe aurait la puissance économique et politique pour s'affranchir des règles du commerce international, pour jouer un rôle moteur dans la lutte contre le dérèglement climatique, l'emballement des concurrences et pour la diffusion d'un modèle social vertueux. L'Europe a son rôle à jouer, conformément à la promesse initiale, dans le bonheur des peuples et la stabilité du monde.
Alors, pourquoi voter ? Et pour quoi voter?
Pourquoi voter ? Je reprendrai le message du Parlement européen: « Si vous n'utilisez pas votre choix, d'autres décideront pour vous ! » C'est évident mais ça va mieux en le disant. Le poids du Parlement et sa composition auront un impact décisif sur les orientations des politiques européennes des cinq années à venir.
Pour quoi voter ? La crise agricole de cet hiver aura révélé quelques lignes fortes, en dépit des réponses obtuses des gouvernements et des tentations populistes, technophiles et identitaires de certains syndicats et partis politiques :
-Le libre-échange n'est pas la solution miracle qui nourrira le monde, la sortie du système ultra-libéral est une condition pour que perdure l'agriculture paysanne.
-Le climat et l'environnement sont des incontournables auxquels toutes les agricultures se confrontent, il est nécessaire et urgent de prendre à bras le corps ces deux sujets pour atténuer leurs impacts et permettre aux paysan.ne.s de restaurer et préserver leurs outils de travail que sont le vivant, le sol et l'eau.
-Presque moitié moins de fermes en vingt ans et une moyenne d'âge de 57 ans en Europe : c'est le triste butin de ce début de siècle. Nous devons être nombreux nombreuses pour assumer une activité paysanne et garder la main sur le socle de toute démocratie: l'alimentation et le vivant.
Cependant ne nous trompons pas: démocratie, modèle social, agriculture paysanne et défense de notre environnement ne seront rien sans l'humanisme qui va avec et intègre dans le projet politique la construction des solidarités avec le reste du monde.
Et après ? Oui et après ? La démocratie, citée et encensée par tous (dont je fait partie!) au moment du vote, cette démocratie ne se contente pas d'un déplacement périodique à l'isoloir. Elle exige aussi et sinon principalement que le peuple, rencontre, surveille, guide et contredise ses représentant.e.s. Elle exige que le « demos » sache de quoi il en retourne et s'informe tout au long de la vie chaotique de la démocratie.
À nous donc, de faire savoir à nos élu.e.s que nous sommes et nous serons là pour nous garantir de la rectitude de leur mandat et la validité de leurs propositions.
Yannick BECKER, porte-parole régional
En téléchargement :
Lire la synthèse des programmes agricoles des 6 principales listes