Oui l’agriculture française marche sur la tête ! et la FNSEA l’encourage depuis 70 ans…

Nous soutenons les récentes mobilisations massives d'agriculteurs excédés par la surcharge de réglementations et de normes qui pèsent sur notre métier, car cette colère est légitime. Oui l'État et ses technocrates continuent de détruire l'agriculture familiale et paysanne au profit d'une caste d'industriels de l'agriculture. Mais l'État n'agit pas seul : depuis 70ans, il travaille main dans la main avec la FNSEA* (la fameuse « co-gestion agricole ») et les poids lourds de l'industrie agroalimentaire, qui sont souvent les mêmes d'ailleurs…Vous trouvez ça normal que 2 des 3 derniers présidents de la FNSEA* soient également présidents d'AVRIL, géant des agrocarburants ?
Vous voulez des exemples récents ? (extraits tirés du site de la FNSEA*)
Nous sommes tous furieux contre l'augmentation des taxes sur le GNR* ! Et bien le syndicat majoritaire parle de « promesse tenue par le gouvernement » car il a discrètement négocié que l'argent récupéré par l'État sur notre dos soit réemployé notamment au profit des agrocarburants (au bilan environnemental désastreux)… tiens tiens, M. Rousseau ne serait pas également président d'AVRIL ? La Conf' demande que l'argent récolté serve réellement à la décarbonation de l'agriculture en privilégiant d'abord la sobriété en énergie. Il y a des modes de production plus économes que d'autres, une vache qui pâture, par exemple, consomme beaucoup moins de pétrole qu'une vache nourrie en bâtiment toute l'année...
Encore un : le nouvel accord commercial UE*-Nouvelle Zélande va entraîner un afflux massif de viande bovine et ovine, lait et fromages détaxés sur le marché français, au détriment évidemment des revenus des éleveurs français : que dit le syndicat majoritaire ? Silence radio… à moins que ses filières spécialisées porcines et viticoles, largement exportatrices et grandes gagnantes de cet accord, ne soient considérées comme prioritaires face à d'autres filières d'élevage sacrifiées ? La Conf' défend le droit à la souveraineté alimentaire de chaque peuple, notamment par la rupture des accords bi-latéraux de libre échange, l'instauration de prix minimum d'entrée aux frontières et le renforcement des marchés de proximité.
Mais dans le même temps, le syndicat majoritaire ferraille dur pour développer au maximum l'agrivoltaïsme (luttant par exemple contre un plafond à 25% du taux de couverture des parcelles qui « rendrait inatteignable la trajectoire de 50 000 ha équipés d'ici 2023 » ) et sacrifier ainsi toujours plus de terres agricoles aux profits de l'industrie, sans parler des conséquences sur le prix du foncier, les freins à l'installation et la concurrence déloyale sur les marchés agricoles (entre ceux bénéficiant de la rente photovoltaïque et les autres). Pour résoudre les difficultés économiques des agriculteurs, la Conf' exige d'abord des prix justes et rémunérateurs, et redit que nous ne sommes pas des producteurs d'électricité !
Alors oui, on marche sur la tête ! Oui, on est sous pression. Mais ce n'est surement pas la FNSEA* qui nous sortira de là. Car elle a bien montré en 70 ans de co-gestion avec l'Etat que sa priorité reste toujours l'industrialisation de l'agriculture, qui détruit chaque jour un peu plus ce qui reste de vitalité agricole dans nos campagnes. Pas de transition agricole possible avec la FNSEA* ! C'est la Confédération paysanne qui propose un virage réellement salvateur pour les agriculteurs français face à l'industrie qui nous menace.