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30.03.2023

PLAN EAU : face à la raréfaction de l’eau, priorisons les usages et organisons le partage

30.03.2023 -
Quatre jours après avoir violemment réprimé le mouvement social et écologique qui s’est exprimé contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres, le Président Macron vient présenter son Plan national sur l’Eau dans les Hautes-Alpes.

« On ne peut plus dire que l'eau du Rhône est inépuisable » : ce n'est pas la Confédération paysanne qui le dit, c'est le directeur de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, à l'occasion de la sortie du rapport publié le 3 mars, qui prédit que l'eau du Rhône devrait perdre un tiers de son débit d'ici à 2055, avec des conséquences sur le débit de ses affluents, à hauteur de moins 30 % pour la Durance.

Une semaine après, le 10 mars, la Cour des comptes pointe une gestion de l'eau inadaptée en France, sur le plan quantitatif, notant que « d'ores et déjà, la consommation liée aux différents usages excède sur des périodes de plus en plus longues, la capacité des milieux à fournir de l'eau ».

Cela fait consensus : que ce soit dans les nappes, dans les rivières ou dans les lacs, les quantités d'eau se réduisent. Cette donnée implique de changer de façon radicale notre utilisation et notre gestion de l'eau.

Pour faire face à l'enjeu, le Président Muselier annonce un Plan OR BLEU doté d'une enveloppe de 620 millions d'euros pour la période 2021-2038, donc 94 millions fléchés vers des projets hydrauliques agricoles pour 2021-2023. Au nombre de ces projets, des extensions de réseaux d'irrigation pour équiper 40 500 hectares, essentiellement de la vigne et du lavandin.

Autrement dit : dans un contexte où les quantités d'eau disponibles diminuent, la Région entend répondre à de « nouveaux besoins » et irriguer davantage de surfaces, en l'occurrence des surfaces en vigne et lavandin, des cultures qui ne sont traditionnellement pas irriguées et en bonne partie orientées vers l'export.

Cette réponse illustre une fois encore la « maladaptation » au changement climatique décrite par de nombreux chercheurs ces derniers mois : au lieu d'accompagner les territoires et les fermes à modifier leurs pratiques pour s'adapter à la ressource disponible, elles les enferme dans l'idée qu'il va encore être possible de maintenir des systèmes agricoles gourmands en eau, que l'on sait pourtant condamnés à brève échéance.

 

Face à la raréfaction de l'eau, il convient de prioriser les usages et d'en organiser le partage.
L'eau est un bien commun, elle doit servir une agriculture paysanne qui nourrit en proximité .

Nous  demandons au Conseil régional qu'un moratoire soit posé afin d'étudier les impacts des méga-projets d'extension de réseaux portés par la Société du Canal de Provence sur le Plateau de Valensole et dans les vignobles du Var et du Vaucluse. Ces projets sont susceptibles de fragiliser les équilibres de répartition de l'eau au niveau régional, déjà fortement menacés par la diminution actuelle et future de la ressource. Par ailleurs, des centaines de millions d'euros de fonds publics sont préemptées au profit de quelques territoires, au lieu d'être mobilisés pour accompagner les paysan.ne.s à développer des pratiques qui protègent, préservent et répartissent équitablement la ressource en eau.

N ous nous  mobilisons pour accélérer la transition vers une agriculture paysanne qui sait s'adapter techniquement et économiquement aux conséquences des sécheresses, c'est-à dire :

>> en o ptimis ant les apports d'eau par la pluie et le sol :

  • Récupération des eaux de ruissellement dans des cuves de stockage ou petites retenues collinaires.

  • Pratiques qui entretiennent la qualité des sols, de façon à ce qu'ils retiennent mieux l'eau et la rendent disponible pour les plantes ( fertilisation organique, couverts végétaux, diversification des cultures, biodiversité).

 

>> en é conomi sant et partage ant l'eau apportée par l' irrigation :

  • Priorisation des usages de l'eau, à travers les Plans Alimentaires Territoriaux : irrigation prioritaire pour l'abreuvement du bétail et les productions agricoles qui relocalisent l'alimentation et favorisent les emplois en agriculture (maraîchage).

  • Répartition des prélèvements d'eau en plafonnant les volumes par exploitation et par production.

  • Sobriété dans les usages pour limiter l'impact sur la ressource :techniques d'irrigation plus économes en eau, variétés adaptées, diversification des productions sur les fermes, stratégies économiques de résilience, priorisation des circuits courts sur les filières d'export. 

Notons qu'il est assez cocasse que le Président de la République vienne présenter son Plan national Eau dans le département des Hautes-Alpes, après que M. Muselier ait annoncé sa volonté de porter la Région candidate aux Jeux Olympiques d'hiver en 2034 ou 2038. Nul n'ignore les quantités d'énergie et d'eau conséquentes qu'il faut mobiliser pour produire de la neige artificielle, alors...or bleu ou or blanc, il faudra choisir.

 

>> Lire le communiqué national 

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